A Region in Fragments: The Middle East from Istanbul
On 26 April 2012, Turkey's foreign minister, Ahmet Davutoğlu, delivered a speech in which he described Turkey as both “owner” and “servant” of the Middle East. Predictably, his remarks provoked a firestorm of debate. Recent analyses of Turkish foreign policy, however, have cautioned against reading Davutoğlu's speech and the foreign policies of the governing Justice and Development Party (AKP) as Turkey turning to the Middle East. This article begins with those analyses and adds another dimension to them by presenting two different ways in which Turkey's geopolitical relationships are mediated, engaged, and contested in popular media: cover illustrations from Turkey's satirical press and fliers advertising the relief efforts of the Humanitarian Relief Foundation (İHH), a civil society organization focused on humanitarian relief. The author argues that these two different media articulate two distinct “Middle East” imaginaries. Such an observation, he argues, has the potential to contribute to broader discussions about critical geopolitics and area studies by redirecting our attention to the conceptual and disciplinary work that the region does. Le 26 avril 2012, le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoğlu, prononça un discours dans lequel il décrit la Turquie comme étant à la fois « propriétaire » et « servante » du Moyen-Orient. Comme on pouvait s'y attendre, ses remarques ont provoqué un tollé ; cependant, des analyses récentes de la politique étrangère turque invitent ne pas conclure à la focalisation de la Turquie sur le Moyen-Orient à la suite du discours de Davutoğlu et de la politique étrangère du Parti pour la justice et le développement (AKP) actuellement au pouvoir. Cet article débute par ces analyses et ajoute une nouvelle dimension aux débats, en présentant deux manières différentes de comprendre comment les relations géopolitiques de la Turquie sont diffusées, instrumentalisées et contestées dans les médias populaires : les illustrations des premières pages de la presse satirique turque et les prospectus annonçant les initiatives de la fondation d'aide humanitaire İnsani Yardım Vakfı, une organisation humanitaire de la société civile. L'auteur propose que ces deux médias différents énoncent des imaginaires distincts de ce que serait le « Moyen Orient ». Une telle observation contribuerait aux débats sur la géopolitique critique ainsi que sur les études régionales en soulignant le travail conceptuel et disciplinaire exercé par cette région.